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« On a été trahis ! » : en Ukraine, l’essoufflement de la présidence Zelensky

Le chef de l’Etat, qui avait promis de lutter contre la corruption, se heurte à l’influence des oligarques dans son propre entourage, au risque de décevoir ses électeurs.

Par  (Envoyée spéciale à Kiev et Kryvyi Rih (Ukraine))

Publié le 26 janvier 2021 à 00h04, modifié le 26 janvier 2021 à 18h06

Temps de Lecture 6 min.

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Manifestation contre l’augmentation des prix du gaz naturel, devant l’hôtel de ville de Kryvyi Rih (Ukraine), le 17 janvier.

A l’heure dite, une foule de toques en fourrure et de doudounes s’est massée devant la mairie. Le thermomètre affiche – 17 °C en ce dimanche de janvier à Kryvyi Rih, dans le centre de l’Ukraine. Les manifestants prennent la parole à tour de rôle devant l’austère bâtiment. « On est très pauvres, les charges augmentent et la nation est menacée ; il faut s’y opposer », lance une femme au micro. « Zelensky a vendu notre ville aux oligarques ! », enchaîne un autre. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a grandi là, dans cette cité industrielle de 630 000 habitants hérissée de terrils et de cheminées d’usines, au ciel voilé par la pollution.

Parmi les quelque 300 personnes venues protester contre l’augmentation des charges, beaucoup avaient voté pour lui lors de l’élection présidentielle d’avril 2019, conquis par le discours anti-élites de cet ancien comédien, novice en politique, qui n’était connu jusqu’ici que pour son rôle de président dans une série télévisée.

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Un an et demi plus tard, ses électeurs déchantent. « On a été trahis ! On pensait qu’il serait proche du peuple et nous débarrasserait de la corruption, mais il n’a rien fait, s’agace Irina Oumanska, une ouvrière de 33 ans. Je veux qu’il parte ! »

Des premiers mois prometteurs

Vue des tours de refroidissement d’ArcelorMittal à Kryvyi Rih, en Ukraine, le 17 janvier 2021.

La présidence Zelensky montre des signes certains d’essoufflement. Sa promesse phare, l’éradication de la corruption, menace aujourd’hui de rester lettre morte, mettant en péril le soutien des bailleurs internationaux, vital, mais aussi les efforts engagés au lendemain de la révolution pro-européenne de Maïdan, en 2014.

Les premiers mois furent pourtant prometteurs. Allégement de l’immunité parlementaire, création du bureau d’enquête publique, mise en route de la Cour spéciale anticorruption… Des dizaines de réformes ont été menées tambour battant. Le gouvernement y a même gagné le surnom de « turbo régime ».

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Porté par son score historique à la présidentielle (73 %) et la majorité absolue remportée au Parlement par son parti Serviteur du peuple – du jamais-vu jusqu’ici –, Volodymyr Zelensky était convaincu de pouvoir tout changer rapidement. Las, il se heurte aujourd’hui à un système plus grand que lui.

La Cour constitutionnelle, toute-puissante, lui oppose une résistance farouche. L’épisode le plus spectaculaire remonte à octobre 2020. Saisie par une cinquantaine de députés prorusses, elle a invalidé une série de mesures anticorruption en vigueur depuis plusieurs années, les jugeant trop sévères. Elle a notamment supprimé la responsabilité pénale pour les fonctionnaires reconnus coupables de déclarations de revenus mensongères.

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